Nouvelle semaine, me voici !
Se laisser porter par les rencontres. Voilà quels pourraient être les maître-mots de cette semaine.
J’ai enfreins la règle du « pas de voiture ». En effet, avant la frontière d’abord et puis après celle-ci. J’ai enfourché les kilomètres avec des bottes de 7 lieux comme le disait une personne en commentaire sur Polarsteps. Oui. J’ai accepté la proposition de donner un coup de voulant à ma route. Est ce que je regrette ? Un peu. Est ce que ça en valait le coup ? Carrément. Et ce pour plusieurs raisons.
Depuis que j’ai commencé à marcher, j’ai eu bon nombre de propositions de m’emmener en voiture. À plusieurs reprises : les gens se sont arrêtés pour me proposer. J’avais tjs décliné jusque là. La seule entorse à cette règle de base de mon contrat pèlerin, fut par arriver à Studenica. J’étais malade et j’avais lâché le truc en disant à Dieu que si une voiture s’arrêtait, j’y monterai. Mon état physique avait dominé ma psyché. Je n’avais rien provoqué - pas de pouce, pas d’œillade aux circulantes - mais providentiellement, mon appel fut entendu et achalandé.
Sinon, j’ai toujours tenu bon. Mais pour autant, je me suis toujours dit que je loupais peut être quelque chose. La bonté de ces gens, à anticiper un besoin supputé - à cause de la chaleur, de la difficulté que je rencontrais - ne m’a jamais laissé indifférent. J’ai même toujours été gêné de refuser. Les remerciements que je pouvais alors insuffler dans mes refus, s’incarnaient dans le poli de mes déclinaisons.
Je crois qu’il y a quelque chose au fond quand les gens font le réel effort de me proposer leur secours.
Quand je marchais sur la route, j’ai vu cette voiture ralentir à ma hauteur et à garder un rythme lent avant qu’elle ne disparaisse de ma vue. Ainsi quand je l’ai vu arrêter sur le bas côté quelques minutes plus tard, j’ai su qu’elle m’attendait. Moi, j’étais dans mon chapelet mais sa présence a été comme une confirmation de ce que j’avais noté. Alors je n’ai pas eu le cœur de refuser. Cela m’a permis de bien discuter avec cet homme prévenant. Et pourtant je ne serai dire le précis de nos discussions. Le moment fut riche oui mais plus sur le moment. Une fois la porte claquée - aux abords de la frontière - c’est comme si tout s’estompait un peu. J’aime à penser que cela participe au providentiel de cette aide. Elle m’a fait gagner du temps et m’a permis de partager un moment appréciable. C’est peut être le plus important dans cette histoire.
Puis ce fut après le passage de la frontière. Je buvais du frais, et les deux hommes à côté - Thomas et Ivan - m’ont demandé d’où je venais, ce que je faisais. Après avoir discuté un peu : ils m’ont proposé de m’emmener à Thessalonique. Je n’ai pas été long à tergiverser. À la vue de l’autoroute qui m’attendait, je vite dis oui. Surtout que Ivan pouvait me loger. Cela voulait dire aussi que nous allions passer du temps ensemble, que je pourrai apprendre des choses, en savoir plus sur la vie ici. D’autant plus que ce serbe fut touchée quand, à sa question de savoir quel pays j’avais préféré jusque là, était la Serbie.
Le trajet en voiture fut l’occasion de bien des discussions. Une fois à Thessalonique, nous avons mangé un bout puis il m’a proposé de venir avec lui et Thomas, au bord de la mer où il avait une maison. « Ce serait l’occasion pour toi de te baigner avant de repartir sur la route ! »
J’ai donc accepté de les suivre plus loin.
Après nous être reposé dans un des appartements d’Ivan, Thomas nous a récupéré en voiture et nous avons tracer la route de nuit.
J’ai eu ce sentiment étrange de me dire que ça allait trop vite : l’entraînement du moteur je veux dire. Qu’on manquait des choses. À cause de la vitesse. Je me suis dit que quelque chose clochait. Et pourtant, je sais pertinemment que lorsque je reviendrai à la sédentarité, la conduite reviendrait aussi vite que je l’ai quitté. Cela fait partie des choses qui ne désertent jamais l’inconscient. C’est tellement ancré. D’ailleurs conduire est une des choses qui me manque. De temps en temps, j’y pense. Avec mes proches et mettre des costumes-cravate… allez savoir pourquoi !
Je me retrouve donc bien avancer en Grèce. Sans avoir marché sur ses chemins encore. Mais je prends cela comme un temps alloué à mes besoins du moment. Pouvoir prendre du repos pour mon genou encore trop douloureux par exemple. Alors je prends ça, j’accepte, je joue le jeu.
Donc oui, je regrette un peu d’être monté dans ses voitures, d’avoir sécher tous ces kilomètres. Mais par ailleurs, ça valait le coup car j’ai rencontré, discuté et cela me permet de travailler à regonfler la voilure de ce pèlerinage. Trop de choses restent encore à mettre en place, je suis peut être trop exigeant avec moi, mes capacités et ma volonté. Mais j’ai encore du temps pour bien calibrer les choses.
Ce qui est difficile c’est que je me dirige vers un genre de vie consacrée à Dieu avec toutes les exigences d’une règle. Mais pas de communauté, de chapitre, de structure claire autour de moi me permettant de tenir la cadence. Cela ne dépend que de moi. Et c’est difficile a tenir seul. Pour le coup un vœu d’obéissance tomberait à plat dans ma situation. Je ne réfère rien à personne, si ce n’est Dieu. Mais Lui a la « faiblesse » de laisser mon libre arbitre opérer. Donc si je ne me tiens pas à ce que j’ai décidé : aucun blâme, personne ne me rentre dedans. Mais j’ai le sentiment que les choses se mettent en place mais cela prend du temps et il s’agirait peut être de passer à la vitesse supérieure. Donc la question, la grande, celle à 1.000.000 : quand est ce que je me bouge pour incarner ce que je désire tant ? Après c’est pas simple, pas facile mais cela revient sans cesse. À ce niveau-là c’est un écho, c’est un appel qui vient de quelque part. Et d’ailleurs, ne serait-ce pas au final une piste concrète pour mon appel vocationnel ? Non pas tant sur la forme finale mais bien sur la manière de vivre ma foi et ma place en ce monde. Comme une déduction à revers.
Peut être aussi que le secret réside dans le fait de tourner ces règles contraignantes en la solution pour être libre et structurer ma relation à Dieu. Après tout, le Christianisme n’est pas une religion, n’est pas un livre mais bien une révélation… et donc une relation d’amour vécue et trépidante avec mon Père des cieux !
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