Nouvelle semaine, nouveau debrief.
Je suis dans la capitale du pays. Pristina. Je passe mes journées à m’y balader. À faire des débriefings pour les réseaux sociaux. Et à discuter avec les gens que je rencontre.
Quelques uns disons le. Les circonstances proposent s’entremêler ces liens éphémères. Je ne les cherche pas, ils arrivent tout seul. Soit cela débute par une question de ma part, soit c’est l’accroche du regard qui joue. Cela dépend. Ces moments savent y faire : ils ont la qualité d’envoyer ce qu’il faut au bon moment. Cela me permet de pouvoir remplacer les points d’interrogation par des débuts de réponse à ce qui me trotte dans la tête. Quelques exemples seraient les bienvenus, je le sais bien. Alors allons-y !
Ce fut par exemple le cas, il y a deux jours. Assis à la terrasse d’un café : je faisais le point sur la prononciation de certains mots en kosovar… enfin en albanais. Le truc avec l’application que j’utilise pour avoir la fine traduction de l’histoire - Translator Go pour être précis - c’est qu’il donne juste les lettres dans le bon ordre. Mais pas d’audio dispo. Alors pour les parler c’est plus compliqué.
Ainsi, je demande au serveur comment on prononce ceci et cela. Et puis je le marque dans mon téléphone pour avoir la trace de cette nouvelle connaissance. Et il s’avère que la traduction phonétique que je lui demandait portait sur les mots suivants : « je marche vers Jérusalem » - qui s’écrit en albanais : « Unë eci drejt Jeruzalemit » - et qui se prononce : « oune etsi drecht jeruzalémite ».
Il me donne donc l’info, je note et puis après on discute. Là il m’explique que c’est un de ses rêves. Qu’un jour il s’y rendra. Et puis, le filet d’eau de ce début de conversation, devient plus conséquent. Le début s’accélère et notre discussion s’élargit.
« D’où tu viens ? »
« de France. »
« Ha ! J’ai appris le français à l’école ! »
« C’est vrai ? »
« Oui. Ici, c’est d’abord l’anglais. Ensuite on choisit soit allemand, soit français. »
J’en profite aussi pour lui demander pourquoi dans cet endroit on ne peut pas fumer à l’intérieur.
« Est-ce récent cette interdiction ? Parce qu’en Serbie, ça fume de partout. »
« Oui mais tu connais notre histoire avec ce pays… »
Je sens bien que j’ai touché un point sensible. Je crois que cela arrivera souvent pendant ma traversée du pays. D’ailleurs, même à Pristina, je ne trouve pas de bureau de change pour transformer mes dinars serbes en euros.
D’ailleurs ici les drapeaux américains sont légions, sur la grande place de la ville, un énorme panneau aux couleurs du pays contient ces deux mots : « FREE UKRAINE ». La solidarité slave que j’observai depuis la Croatie - et même la Slovénie - semble avoir disparu.
Une autre fois, c’est l’accroche des regard qui a joué : deux gars sur un ban en train de tiser en pleine après-midi. Whisky, coca. Deux marginaux dont l’un avait fait de la prison et qui me dit qu’il verse dans l’illégal. Son pote veut commencer à m’expliquer ce qu’il fait exactement mais très vite, le premier le coupe.
Nous avons passé une petite heure à discuter tous les trois. De religions, de l’islam, de notre manière de voir le monde. J’ai eu droit aux thèses platistes, au 11/09, a la conviction que l’homme n’est jamais allé dans l’espace. J’en ai profité alors pour leur demander pour les chiens qui pullulent au Kosovo. Et puis j’ai complété par quelques articles par la suite.
Plusieurs milliers de chiens errants dans la capitale seulement alors à l’échelle du pays je n’imagine pas. Ozan m’expliquait que si quelqu’un se présente chez un veto avec un chien, le gouvernement donne 50€ pour chaque animal. « Alors t’imagine si tu te ramène avec 10 chiens ? » Mais ça va même plus loin que ça.
Selon un article disponible sur le site « 30millionsdamis.fr » : « (…) le maire de Pristina, Perparim Rama, vient de lancer le programme "Un toit pour chaque chien" promettant une prime de 50 euros par mois (30% du salaire minimum) à qui veut bien adopter un chien. (…) » Cela fait suite à une vidéo où « (…) un homme tabasse un chien des rues, hirsute, encore et encore. L'individu ne semble pas s'inquiéter d'être vu, ni même filmé, tant la population de chiens errants est devenu problématique au Kosovo et les rend vulnérables. Personne ne sait si le chien a survécu ou non à cette séance de torture, mais ces images ont mobilisé les associations de défense des animaux. (…) »
Comme le dit un autre article - du site « Blick » cette fois - : « Ils gisent au bord des routes, se cachent dans les ruelles et se regroupent devant les villas. Le Kosovo n'en peut plus de ses chiens errants, toujours plus nombreux. On estime aujourd'hui leur population à environ 250'000 individus, selon «Albora». Rien que dans la capitale Pristina, on dénombrerait 10'000 chiens errants. Conséquence: la peur grandit au sein de la population. De nombreux citoyens se sentent menacés et à juste titre: les animaux se rassemblent souvent en meute dans les lieux publics, même très fréquentés. La situation est devenue si intenable que certains citoyens ont décidé d'avoir recours à une solution drastique: ils tuent les chiens. Ce n'est pas la première fois qu'une telle problématique apparaît au Kosovo. En 2011 déjà, le sujet avait été abordé lors d'une assemblée communale. A l'époque, environ 300 chiens errants avaient été tués. (…) »
Dans un autre article (« kosovapress.com ») on apprend qu’aux vues des attaques - 28 en 2020 -, des choses ont été mise en place. Notamment un plan d’action en 10 points a été créé par Prishtina Progress Rama avec des représentants de l'UE et des organisations non gouvernementales. On parle alors d’un « plan d’action et de stratégie nationale pour le traitement humain des chiens ».
identification et enregistrement des chiens avec des boucles d'oreilles et des puces électroniques,
subvention continue pour la castration,
la stérilisation et la vaccination des chiens auprès des propriétaires,
contrôle strict de l'élevage et de la vente des chiens,
contrôle continu de la reproduction des chiens errants à travers la méthode (Attraper, Stériliser, Vacciner, Libérer),
Centres de Traitement Temporaire (TTP) et Sauvetage Centres,
introduction de « gardiens de quartier pour animaux errants »,
moyens de contrôle d'accès - nourriture pour chiens,
campagne de sensibilisation du public,
inspecteurs vétérinaires municipaux.
En faisant mes recherches, je tombe sur cet article du site « peuple-animal.com » qui titre « La Turquie, débordée, cherche à contrôler les chiens errants »… peut être une annonce de la suite. Sûrement d’ailleurs, on me l’a souvent dit. Je l’ai lu plusieurs fois dans des récits aussi. Bref… tout comme pour le contrôle de police de la semaine dernière où on m’a cuisiné gentiment au poste frontière, je me dis que c’est une préparation au 10e pays de mon pèlerinage. Pour le moment, je m’acclimate à un nouvel environnement. Celui des chiens errants que je peux approcher sans problème.
On verra pour la suite. Chaque chose en son temps, voulez-vous ?
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