Nouveau point, nouvelle semaine, nouvelles infos.
Pour ceux qui sont sur le groupe Whatsapp, certains éléments seront redondants. Mais bon que voulez vous, il faut bien dire certaines choses. Allez, on est parti !
Je ne crois pas l’avoir dit dans l’un des articles du blog mais l’apprentissage de textes fait partie de mes journées. Enfin de certaines. Il faut bien reconnaître que sortir mon téléphone pour voir les textes en question, surtout quand le soleil tabasse n’est pas chose confortable. Mais j’avance.
Cela cristallise plusieurs objectifs : d’abord, faire travailler le muscle de ma mémoire ; ensuite, apprendre des trésors littéraires ou certains écrits que je trouve incroyables ; enfin, occuper mon temps intelligemment voir « BEL-ment ». L’agencement des mots a parfois une force incroyable. Moi, certains me séduisent et font fondre mon palpitant.
Par exemple, je viens d’apprendre comment Chateaubriand décrit sa naissance. Je vous met l’extrait car je trouve ça fou. Vous trouverez cela dans ses « Mémoires d’outre tombe ».
« (…)
La chambre où ma mère accoucha domine les murs déserts de la ville, et donne sur une mer qui s'étend à perte de vue, en se brisant parmi des écueils. J'eus pour parrain mon malheureux frère et pour marraine Madame la comtesse de Plouër, fille du Maréchal de Contades : je fus nommé François du jour ou j'étais né, et René à cause de mon père. J'étais presque mort quand je sortis du sein maternel, et le mugissement des vagues battues par une tempête de l'équinoxe empêchait d'entendre mes cris.
Mes sœurs en me tenant encore enfant dans leurs bras à la fenêtre de la chambre de ma mère, m'ont souvent raconté ces circonstances de ma naissance. La tristesse de ces premieres impressions, ne s'est jamais effacée de ma mémoire et il n'y a pas de jour encore où en rêvant à ce que j'ai été, je ne revoie en pensée le rocher sur lequel je suis né, la chambre où ma mère me fit le funeste présent de la vie, la tempête et les flots dont le bruit berça mon premier sommeil et le frère infortuné qui me donna un nom que j'ai presque toujours traîné dans le malheur. c'est à moi que s'appliquent trop bien les vers de Lucrèce :
Tum porro puer ut saevis projectus ab undis
Navita !...
Il semble que le ciel ait voulu rassembler toutes ces circonstances, pour placer dans mon berceau une image de mes destinées, et me faire pressentir que je ne serais qu’un voyageur livré au caprice des vents et du sort.
(…) »
Incroyable n’est-ce pas ???!!!
Je me suis aussi attaqué aux fables de La Fontaine. 3 sur 22 pour le premier livre. Les autres suivront en temps voulus.
Ainsi que quelques prières, notamment celle pour la France, dictée par Jésus à Marcel Van le 14 novembre 1945 :
« Seigneur Jésus, aie compassion de la France, daigne l'étreindre dans ton Amour et lui en montrer toute la tendresse. Fais que, remplie d'Amour pour Toi, elle contribue à Te faire aimer de toutes les nations de la terre. Ô Amour de Jésus, nous prenons ici l'engagement de Te rester fidèles et de travailler d'un cœur ardent à répandre ton Règne dans tout l'univers.
Amen »
Pour les reste voici ce que j’écrivais à mes proches sur le fameux groupe Whatsapp :
« Bonjour à tous,
Des nouvelles fraîches du pèlerinage. On est parti !
Depuis hier je suis en Macedoine du Nord. Le pays au drapeau représentant le soleil d’un renouveau. D’ailleurs en écrivant ces quelque lignes la statue du premier président me toise de toute la hauteur de sa rocaille. (Première photo pour que vous visualisiez bien).
Ce n’est d’ailleurs pas la seule statue commémorant quelque chose sur la grande place de Skopje. La (ou le, vous ferez comme vous voudrez) Macedonia Square en compte plus d’une dizaine. Certaines ont une démesure impressionnante. Certaines sont plus fines, d’autres ont des traits moins soignés. Mais il y a quelque chose d’imposant ici. En plus les montagnes entourent le tout, comme si la ville avait fait son trou au milieu de tout ça.
Le passage de la frontière n’a posé aucun problème. Pas de tampon là non plus. Mais beaucoup de voitures attendaient de passer d’un pays à l’autre. J’ai d’ailleurs discuté un peu avec des gens qui attendaient. Et puis le soleil a reprit le lead. D’autant plus que c’est la grande route que j’ai suivi jusqu’à la capitale. Donc autant vous dire que j’ai baigné d’un bon jus de rayon. Et donc… content d’arriver à destination. Les 28 km m’ont paru en être 40. Question de perception je crois.
J’ai donc quitté le Kosovo : avec ces 16 jours, ces 228 km et tout le concentré qui a filtré mon passage par ce pays que je ne connaissais pas. Je pense que j’y retournerai. J’ai beaucoup aimé. C’est comme la Serbie. Je crois d’ailleurs avoir un peu mieux cerné la grande question de leurs tensions à tous les deux.
Notamment à la lumière de deux éléments. La bataille de 1389 et le monastère de Gračanica.
Voilà un peu.
1) la bataille de Polje et le monument de Gazimestan.
« Entre le XIVe et le début du XXe siècle, l'Empire ottoman contrôlait de vastes étendues de territoire au Moyen-Orient, en Europe du Sud-Est et en Afrique du Nord. En 1389, dans l'intention d'étendre son empire au-delà de l'Europe du Sud-Est, le sultan Murad Hüdavendigâr conduisit les troupes ottomanes plus loin que jamais, sur le territoire serbe. Dans un champ situé à environ cinq kilomètres de Pristina. (…)
L'armée ottomane s'est affrontée avec l'armée serbe, dirigée par le prince Lazar Hrebeljanovié. Bien que peu de documents fiables soient disponibles, les deux armées ont subi d'immenses pertes. Il s'agit d'un revers temporaire pour l'Empire ottoman, qui parvient à mobiliser beaucoup plus de troupes, mais pour la Serbie, la bataille est dévastatrice. La société serbe s'est divisée en deux factions : l'une pro-Empire ottoman et l'autre contre. Le pays tout entier était affaibli par la division. (…)
Au fil des siècles, la bataille du Kosovo a acquis une aura mythique dans le folklore serbe et, en 1953, la République fédérative socialiste de Yougoslavie a décidé d'ériger un monument pour commémorer la bataille. Il se compose d'une tour d'aspect médiéval entourée de six structures tubulaires tronquées en angle. Sur la tour se trouve une inscription en l'honneur du prince Lazar Hrebeljanovic. Ce monument a été nommé Gazimestan, combinant probablement le mot arabe pour guerrier, ghazi, et le mot persan pour lieu, stan, mais des étymologies alternatives existent. »
Source : application Atlas Obscura.
Cette bataille est donc une pierre fondatrice de l’unité serbe et de son identité. Ainsi, c’est à cet endroit que la Serbie s’est construite, s’est fondé même. Donc l’indépendance du Kosovo leur a retiré cela.
Pourtant, lorsque j’ai visité le monument il n’y avait pas de drapeau serbes. Parce que ce fut le cas autour du monastère dont je vous parle en dessous.
NB : les photos du monument ont été publiées la semaine dernière. Mais je vous les remet en dessous quand même. Cela concentrera les infos.
2) le monastère de Gračanica et le père du roi fondateur.
Monastère caché derrière des murs hérissé de barbelés, le fondateur se serait écrié « moi ! Je suis berlinois ! » non, non, je m’égare. :) vous m’excuserez pour cette petite « private joke » mais l’occasion était trop belle. Pour info, c’est une référence à la chanson « Veronika » de Jean Pax Mefret, chanteur dont les chansons ont bercés mon enfance.
Bref…
Revenons à notre histoire.
« Le monastère de Gračanica est l'une des dernières fondations monumentales du roi
Milutin.
L'église du monastère de Gracanica a été construite en 1321 sur les ruines d'une ancienne église consacrée à la Sainte Mère de Dieu, elle-même construite sur les ruines d'une basilique chrétienne à trois nefs édifiée au VIe siècle. Sur le mur méridional de l'actuel édifice, on peut lire la charte fondatrice de l'église écrite par le roi : « J'ai vu les ruines et la décadence de l'église de la Vierge Marie à Gracanica, dans l'évêché de Lipljan ; aussi l'ai-je reconstruite de fond en comble et peinte et décorée, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur ». De l'ensemble monastique de cette époque, seule l'église a survécu.
Pendant la période ottomane, Gracanica devint un important centre culturel. Sous le métropolite Nikanor (1528-1555), le maître-autel fut orné de plusieurs icônes. Les portes royales du monastère furent commandées en 1564 par le métropolite Dionisije.
Au XVIIe siècle, le monastère eut à subir de nouveaux dommages, notamment au cours de la deuxième guerre austro-turque, à laquelle prirent part de nombreux Serbes en rébellion contre les Ottomans. Les Turcs arrachèrent la croix de plomb ainsi que les dalles vernissées qui ornaient le sol de l'église, et s'emparèrent du trésor caché dans l'église.
Ce fut l'époque de la grande migration qui vida la région de ses populations serbes.
Après la Seconde Guerre mondiale, le monastère fut rétabli par des religieuses.
Aujourd'hui, il est occupé par une vingtaine de sœurs, qui pratiquent notamment la peinture d'icônes et l'agriculture.
Après les bombardements de l'OTAN en 1999, l'évêque de Raska et de Prizren, Artemije, transféra le siège de son épiscopat de Prizren à Gracanica.
De ce fait, le monastère est devenu l'un des centres spirituels les plus importants de l'Église orthodoxe serbe au Kosovo. »
Sources : Wikipédia qui n’est pas trop deconnant sur ce coup là.
Donc pour résumer :
- le monastère est un centre important de l’église orthodoxe serbe.
- il fut au centre des batailles contre les ottomans qui eurent pour conséquence de vider le Kosovo de ses populations serbes. Que les ottomans replacèrent bien vite.
Et troisième élément d’importance : le roi qui a fondé l’endroit est le fils du fondateur de l’église orthodoxe de Serbie. Le fameux Slava dont l’énorme église situé à Belgrade est l’une des plus importante de Serbie.
(Je vous remettrai aussi des images en dessous, ainsi qu’une petite vidéo faite pour les réseaux à cette occasion).
Ces quelques éléments expliquent en partie les tensions. Pas toutes. C’est trop complexe pour résumer toutes ces souffrances et ce bouillonnement des tripes locales.
Mais bon ça explique en partie.
Et d’ailleurs en arrivant près du monastère : je n’ai pas trop compris. Des drapeaux serbes partout, le retour du cyrillique, cette impression d’être revenu en Serbie. Et puis plus d’Euros mais des dinars serbes pour payer, le linguistique aussi :
- Mirmengjesi remplacé par Добро утро (« bonjour »)
- FALEMINDERIT remplacé par БЛАГОДАРАМ (« Merci »)
Juste quelques exemples pour illustrer tout ça.
Les policiers avec qui j’en discutait me disaient que non tout se passait bien. Une normalité actée en quelque sorte. Pourtant les uniformes étaient kosovares, les plaques aussi…
Le père Don Mathéo avec qui j’en parlais aussi le soir même ne me disait pas exactement la même chose.
Bon encore une particularité locale : à Janjevë c’est une communauté Croate qui est en place… quel pays surprenant que ce Kosovo avec son morcellement !
Bref… il me disait que dans le coin le nationalisme était exacerbé. D’ailleurs en lui parlant de ce retour en Serbie, il y avait bcp de voitures qui passaient en arborant des drapeaux albanais ou kosovars.
Il m’expliquait que ça venait des politiques qui attisaient les poudrières. Mais qu’en général, les gens vivaient en harmonie. Plus ou moins quand même, a t’il reconnu.
Sinon j’ai visité mes premières mosquées a Pristina. C’est vraiment beau a l’intérieur. Je continuerai à rentrer dans les nouvelles croisées. Ainsi que le mémorial de sainte Mère Thérèsa à Skopje. Belles découvertes encore une fois !
Bref… il y aurait beaucoup à dire encore et je ne vais pas agrandir le fil de mes pensées.
Bonne semaine a vous !
Ultreia ! »
Bonne semaine à vous !
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