Et c’est parti pour une nouvelle semaine ! Vous êtes prêt ? … alors on est parti.
Bien évidement, je ne peux pas ne pas évoquer mon passage au Kosovo. En effet, ce fut un des points d’orgue de ma semaine. Nouveau pays, prolongement du contexte de la Serbie, nouveaux enjeux également, passage par le poste frontière et tout ce que j’avais pu en imaginer… et la réalité de ce moment avec. Mais reprenons les points dans l’ordre.
D’abord, le 7e pays de mon pèlerinage. Tout comme la Serbie et d’autres pays avant elle, je n’y avais jamais mis les pieds. La Croatie et la Hongrie par exemple, sont des destinations plus communes. Je parle autour de moi bien sûr. Je ne pourrai l’affirmer pour les autres. Mais de fait, c’est un tourisme plus classique dans mon entourage. Alors que la Serbie et, particulièrement, le Kosovo font figures d’exception. Pour la Macédoine aussi d’ailleurs.
Nouveau drapeau - dont les 6 étoiles représentent ses régions -, nouvelle langue - l’albanais -, je retombe aussi sur l’euro - après le dinar serbe - et, l’alphabet revient au latin - avec beaucoup de « ë ».
Et puis, il faut faire attention à plusieurs choses : ne pas parler politique, surtout ne pas parler serbe, ne pas utiliser les trois premiers doigts pour marquer la quantité voulue mais plutôt l’index, le majeur et l’annulaire. Sinon c’est un signe serbe. En effet, ce sont les trois doigts que les orthodoxes utilisent pour se signer. Cela rappelle beaucoup la scène du film de Tarantino, « Inglorious Basterds ». Ceux qui l’ont vu comprendront…
Je parlais plus haut du prolongement des enjeux entre la Serbie et le Kosovo. Pour rappel, le Kosovo est indépendant depuis 2008 - suite notamment à l’implication de l’OTAN et de ses bombardements à la fin des années 90. Pour pour la Serbie, ça ne reste qu’une région occupée. Il y a en plus une dimension religieuse car les premiers sont chrétiens et les seconds, musulmans. Je ne pourrai le dire pour la suite mais des villes comme Mitrovicë - ou Mitrovica - témoignent des vives tensions qui restent latentes et qui parfois se ravivent.
Pour vous donner quelques exemples, voici quelques témoignages et extraits d’article :
« La région est une poudrière. La dernière tension date de peu ou des albanais on tuer un policier serbe ou comme l’année dernière quand le pouvoir kosovar demandait au serbe de ne plus avoir de plaque d’immatriculation serbe mais vu que pour la le Kosovo c’est la Serbie, ça va créer de forte tension et le président serbe avait rapprocher l’armée à la frontière. » témoignage sur Instagram d’un abonné.
« L’armée de la kfor est plus dans les enclaves serbes.ou autour des monastères serbes pour éviter tout vendalisme ou attaque. » témoignage d’un abonné sur Instagram.
« Le pont de Mitrovica est devenu l'incarnation des tensions entre Serbes et Albanais du Kosovo. La zone de Mitrovica, sous contrôle de l'armée française, est la seule du Kosovo où soit restée une communauté serbe notable. La zone française est donc à la fois celle où les tensions sont les plus spectaculaires, et celle, paradoxalement, où est commis le moins de meurtres, puisque les deux communautés sont nettement séparées. (…) Les Serbes fracassent parfois les vitres du bus amenant médecins et malades albanais en zone serbe, au seul hôpital du pays où on n'a pas encore perdu tout espoir de faire travailler ensemble les deux communautés. Mais aucun malade albanais n'accepterait un anesthésiste serbe, et vice-versa. (…) Ce qui compte, ici, c'est d'avoir un prétexte pour lancer des cailloux sur les soldats français qui empêchent de « casser du Serbe » (les soldats italiens sont ménagés) et de maintenir une tension qui pourrait exploser à tout moment. (…) » extrait d’un article du journal, Les Échos. https://www.lesechos.fr/1999/09/mitrovica-le-pont-de-la-haine-777231
Après la lecture de cet article, je comprend mieux pourquoi j’ai été insulté par des gamins à la sortie des faubourgs de la ville, en leur disant que j’étais français.
Enfin pour ce qui est de mon passage de la frontière, je vous met un extrait de mon prochain podcast pour tout vous expliquer.
« Pour moi, le passage de la frontière et avoir le tampon d’entrée au Kosovo, devaient suffire à clore l’expectative de ce moment.
Ainsi, j’aurai tout imaginer sauf me retrouver arrêter par la police et me faire embarquer.
Mais reprenons au début.
Je suis sur la route, le soleil tape déjà, je longe le lac de yezero. L’asaphalte suit le prochain tournant duquel émerge la fameuse voiture blanche. Elle finit par se frayer une place nette au milieu de mes pensées pour attirer complètement mon attention. Et finit par prendre la première place. « Celle là, elle est pour moi » c’est ce que je me dis au moment où elle s’arrête complètement à mon niveau.
La fenêtre passager se baisse et le policier s’adresse à moi. On me l’avait dit de ne pas parler serbe au Kosovo, alors je répond en anglais. J’explique mais cela ne suffit pas. L’homme qui s’adresse à moi, descend, son collègue avec.
Rapidement, mes explications ne suffisent pas. Ils prennent mon passeport et tiquent sur l’absence de tampon. Le seul qui figure sur les pages de mon passeport est celui de la veille qui marque mon entrée au Kosovo.
La question qui reviendra souvent par la suite est : « mais le problème c’est que vous n’avez pas de tampon pour tout le reste de votre voyage ».
Alors ils appellent leur supérieur. Le premier parle avec moi, passe des coups de fil, répond au talwki walki. Le second finit par sortir un fusil d’assault de la voiture. Et reste attentif à ce qui se passe autour.
Une fois le premier supérieur présent, ils en appellent un autre. Puis celui qui parle anglais m’annonce que je vais aller au poste frontière pour éclaircir ma situation et peut être repartir en Serbie.
Je monte dans la voiture, et je me retrouve au poste. Ils fouillent mon sac, tente de comprendre ma situation. La pièce est de taille moyenne, des fusils automatiques sont posées dans un coin. Les chargeurs déjà prêts à la riposte sont superposés les uns sur les autres juste derrière.
Je suis gardé par un noyau dur de 4 policiers, l’un tape sur l’ordinateur, un deuxième m’interroge, les deux autres fument des cigarettes. Ils fouillent mon sac encore et encore, me prennent en photo, me demandent d’écrire toutes les étapes où j’ai été en Serbie, les lieux où j’ai dormi. Et puis aussi les étapes à venir au Kosovo.
Et puis c’est le défilé : tous les corps de sécurité défilent dans le bureau pour vérifier ma situation… ou tente d’aider les premiers à y voir plus clair : la douane, l’armée, la police au frontière. On me repose 10 fois les mêmes questions, on feuillette 50 fois mon passeport, on m’examine à la lumière pour déceler une possible fraude. Disons qu’un marcheur sans tampon semble être pour eux une souris qui a rusé pour éviter les mailles du filet. Ils me demandent si j’ai de l’argent… peut être que de ne pas avoir d’euro sur moi m’a évité le racket. Je ne le serai jamais, mais là c’est juste mon imagination qui cavale.
Et puis il y a la gazeuse. J’en ai une. Et ils ont bien compris pourquoi. « Les chiens errants, les mauvaises rencontres » mais je réussis - à mon étonnement - à négocier de la garder même si c’est illégal par ici. Cela m’étonne encore : je n’étais ni armé, ni en position de négocier. Mais peut être que mon calme a joué en ma faveur. Allez savoir ! Pour finir sur cet épisode particulier : ils ont été cordiaux avec moi.
Et de mon passage derrière les sacs de sable entassé et les murs en bétons armés ? Il ne restera dans le poste frontière à la tôle blanche, qu’un dossier d’une 20e de page parlant de moi… est-ce à dire que je suis dans le circuit et que le prochain contrôle de police m’évitera 4-5 heures d’interrogatoire ? Je verrai bien. »
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