Nouvelle semaine, nouveau point. J’arrive à m’y tenir depuis pas mal de temps déjà. C’est quand même carré cette histoire. Bon au départ, il y a eu un moment de flottement. Mais il fallait que je trouve mon rythme, ma manière de faire, la bonne cadence. Maintenant je crois que c’est bon.
Vraiment ?
Je dois avouer que j’ai des phases qui s’opposent à cela. Comme des moments de décompression. Parce que tenir chaque semaine pour tout faire, tout répertorier, écrire régulièrement, prendre des photos, des vidéos comme ci, comme ça… parfois ça me fait vraiment suer ! Parce que j’aime bien ça quand même : écrire, avoir de belles photos, pouvoir vous écrire les dernières nouvelles… mais parfois j’ai besoin de décrocher parce que ça fait trop. C’est la même chose avec les debriefs des réseaux sociaux. Quand j’en ai beaucoup d’avance : ça me va très bien parce que je n’ai pas à les gérer pendant la journée… et vu que la prière prend de plus en plus de place : cela donne des journées où je n’ai pas à m’en préoccuper. Malgré tout, au bout d’un moment : les obligations reviennent. Et d’un pas bien balancé ! C’est d’ailleurs souvent monstrueux tout ce qu’il faut que je rattrape. Là par exemple : j’ai une petite 50e de débriefing à faire pour rattraper mon retard !
Mais je sais que ça vaut le coup. Qu’avoir cette traçabilité est importante. Pour vous déjà, pour le futur travail d’écriture des livres qui découleront de ce pèlerinage aussi. Et puis enfin, pour le book que sera mes différents réseaux sociaux pour la suite.
Donc pour le moment : tout ça demande de la rigueur, de prendre du temps, de faire au fur et mesure - autant que possible… en tout cas. Mais je sais que je travaille sur le temps long… et que ça vaut le coup de se faire suer la couenne un peu.
Alors gardons la barre bien en main pour continuer de suivre les courants favorables qui m’emmènent vers la Jérusalem terrestre.
Parce que c’est intéressant de comparer mon discours pendant mon pèlerinage à Compostelle - à l’actuel -, je vous met ici ce que je disais à propos de ceux qui prenaient des photos et des vidéos régulièrement sur la route.
A l’époque, je voyais ça comme une contrainte personnelle qui était imperméable à ceux qui avaient le cliché facile. Pire même : je voyais ça comme le grand détournement de la route. Cette dernière restant la même, mais l’homme décidant quant à lui de suivre un autre courant.
« Mercredi 7 septembre 2022. 30 km.
(…) Le terrain plus escarpé a éludé les hommes et leur camping que l’on trouvait plus bas. Maintenant ce sont les vaches qui marquent leur territoire… leurs sabots s’enfoncent dans une terre ébouriffée que les vents battent régulièrement. Les couleurs sont moins glamours et l’atmosphère plus rude. Pourtant, je les préfère largement au reste… disons que le touristique m’emmerde : il remplit des espaces où l’âme finit par étouffer. Il importe la frénésie des réseaux sociaux aussi… on finit par oublier de regarder avec les yeux, de respirer avec nos sens, de la fermer pour intérioriser ce qui nous entoure. Seul le clic compte pour exhiber un oxygène biaisé. Encore une fois, les smartphones deviennent les tambours fanfaronnant pour dire qu’on y était et à quel point c’était IN-CRO-YABLE ! Ces individus font comme tout le monde avec cette impression d’avoir vécu leur petite aventure… au final, un caprice bien banal qui manque de fond, de corps et d’esprit. C’est mon point de vue, mais il articule fortement mes tripes : je l’ai vu à Venise, à Rome, en Auvergne et partout où j’ai pu me rendre. La pellicule sur écran tactile fait foi… l’Everest en est un exemple criant, le mont Blanc également… les personnes font les choses pour se montrer et non pour s’accomplir. L’argentique avait au moins la qualité du souvenir choisi quand le digital éjacule les témoins foisonnants des cartes mémoires. Terrible perversion des aspirations profondes du cœur de l’Homme, n’est-il pas ? (…) »
Je crois au final que c’est une question de degré. Il y a bien un risque d’être dépossédé de son aventure - surtout si elle est pèlerinage - quand on laisse une place trop gourmande aux photos, vidéos et réseaux sociaux. On passe ses journées sur l’écran au lieu de planter les dents dans le juteux de la route. Et c’est un piège qui peut se révéler terriblement bien rôdé.
Ainsi ces moments de décompression où je ne produit rien pour les réseaux sont salutaires pour moi. C’est la cadence de respiration dont j’ai besoin. Et ça ne changera pas.
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