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  • jeansonalexis

Semaine 35 : Ολυμπιάδα - Olympiada (4072 km).

Objectif Istanbul enclenché.


Il est prévu que je doive y retrouver des proches à la mi octobre. Donc j’ai le temps d’y parvenir sans faire de grosses journées à suer comme un cochon gourmand.



Si je calcule les kilomètres qui m’en séparent. Voici un peu le détail de ce qui va suivre.

D’abord 21 km pour récupérer Stavros et ainsi le Jerusalem Way. Le détour sur j’ai fait pour aller au Mont Athos devrait donc se boucler rapidement.

Ensuite environ 80 km jusqu’à Nikisiani. Puis 45 km jusqu’à la côte et Kavala. Viennent ensuite 180 kmpour joindre Alexandroupoli. Ensuite 50 km à peu près jusqu’à la frontière. D’ailleurs, on ne peut pas apparement pas la franchir à pied : un taxi ou autre sera donc nécessaire. Enfin du côté Turque, j’aurai environ 365 km pour rejoindre la capitale du pays.

En conclusion, 741 km m’attendent pour la mi du mois d’octobre. Et si je divise ça par 25 km / jour : cela me donne 30 jours. En comptant les dimanches où je ne marche pas : cela me fait arriver le 12 octobre à Istanbul. Et donc une semaine de marge pour arriver en temps et en heure… c’est une feuille de route qui me semble tout à fait propice à articuler mes journées comme il se doit.


Mais en quoi exactement ?


D’abord pour le spirituel. Ensuite pour les projets (notamment un jeu sur le thème du pèlerinage, plusieurs livres, deux conférences et un spectacle, type one man show) qui font trempette dans ma piscine crânienne. Enfin pour tout le jus de caboche qui marmite les réflexions qui m’animent.


Tout ça prend du temps et la marche seule empêche de tout mener à bien. Disons que marcher jusqu’à Jérusalem n’est pas le centre de mes préoccupations. C’est un moyen pour y arriver et le temps qui en drape les contours favorise la bonne utilisation de ce moyen pour le fond du fond. D’autant plus que la marche donne un cadre qui facilite ce mouvement intérieur. Les paysages, les rencontres, ce que l’on observe, la découverte de l’inconnu, les couleurs, les douleurs, les joies, les peurs aussi, les réflexions et autres pensées furtives… tout cela est l’eau qui active le moulin mental, de l’âme et du cœur.


Tout d’abord : le spirituel.


C’est encore toute la différence entre le marcheur et le pèlerin, entre celui qui se balade et celui qui cherche, de celui qui surfe et l’autre qui gratte. Je m’essaye chaque jour que Dieu m’offre à être ce premier qui reste attentif.


Certains m’ont souvent dit - et à raison - que ce pèlerinage est celui d’une vie. Alors loin de moi l’idée de dilapider ce temps d’introspection et cette ébullition qui ne demande qu’à fleurir dans ces jardins mystérieux nichés au fin fond, là quelque part. La route semble me faire voir par où aller, la prière donne ses précisons topographiques, les réflexions et les pensées qui vont avec, esquissent les paysages et le décor où mes mots peuvent s’accrocher. Pour mieux comprendre peut être… c’est important la clarté. Ça permet de se projeter, ça donne un peu la croix et les pointillés de la carte au trésor. Si ça se trouve : il n’y aura rien, pas de coffre aux mille reflets scintillants, rien à déterrer, que des coups de pelle inutiles au premier regard. Parce que même si la quête ne révèle pas ce qu’on souhaitait. Que le trésor a foutu le camp depuis les derniers acharnés qui ont suivi les indications de la carte : il reste la quête, l’espérance, la foi et l’énergie que l’on a impliqué dans cette affaire.

Ainsi on en tire toujours quelque chose et ce truc finit par nous rendre au centuple ce qu’on y a investi. C’est un peu le sujet de la fable du laboureur et ses enfants d’ailleurs.


Je dirai que juste marcher est une affaire de kilomètres et d’articulation physique. A l’inverse penser, rester attentif et prier sur la route : cela relève du chercheur. C’est une démarche qui donne toute sa saveur à ce cadre. Et Dieu aide à transcender le tout. Cependant cela implique l’humilité de considérer ses forces, ce que l’on a à recevoir et d’accepter cela. Partir en connaisseur - avec la satisfaction de tout savoir - est une impasse. Pour celui qui a conscience de la baguette enseignante de la Route, c’est peut être l’énorme fenêtre de la porte ouverte.

Et pourtant chaque journée de mon pèlerinage est une remise en jeu du corps et du reste. D’ailleurs c’est également le cas quand on revient à Compostelle ou que l’on se glisse dans un nouveau chemin : les ornières poussiéreuses sont propices à de nouveau enseignement. Et ce à chaque fois.


C’est en cela que la route est magnifique dans la rudesse engageante de son drapé : on ne sait jamais ce qui va advenir et pourtant c’est un merveilleux moyen d’y engager sa liberté. Et de recevoir en conséquence.


À chacun donc, de jouer le jeu et ainsi recevoir ce que Dieu a prévu pour nos besoins du moment. Et ça, plus que tout le reste dont j’ai parlé avant, c’est sûrement la plus belle chose de ce pèlerinage. Mais cela reste un préalable pour trouver où gratter les surfaces qui attendent notre quête d’absolu. C’est un peu ça tout l’aspect spirituel de mon pèlerinage.


Maintenant : les projets et les réflexions.


Je ne dis pas que c’est facile, que c’est simple. Parfois c’est usant, « la pige » ne va pas assez vite. Mais ça gigote très sérieusement par là-haut ! Je parlais plus haut des réflexions et des projets qui ont aussi une place. J’en faisais d’ailleurs un peu la nomenclature. Peut être que je serai amené à plus en faire le détail mais j’ai déjà ceci en tête .


Plusieurs livres d’abord.

Le premier pour récit de mon pèlerinage : un peu dans la veine de mon récit de Compostelle. Le second, plus court, à propos des réflexions qui ont égrainées mon périple. Un troisième à propos de l’Aristocratie de la Route et de ce concept qui écoule sa réflexion depuis quelques temps déjà.


Un jeu thématique.

Celui-ci a 4 objectifs : 1) Apprendre en jouant à propos des pèlerinages. 2) Transmettre aux plus jeunes ce monde-là, notamment des anciennes générations aux nouvelles. 3) Accoutumer les plus jeunes à cet univers et leur donner envie de partir marcher des pèlerinages. 4) Que ce jeu soit utile dans un pèlerinage, ainsi il devient un outil pour mener à bien la marche religieuse.


Conférences et spectacle.

Cela fait partie de la 3e phase de tout périple : après la préparation et la réalisation, il s’agit de la restitution. Comme les deux premiers projets me direz-vous. Oui et non. Parce que là, on parle de quelque chose qui se joue en direct. Où il faut emmener les gens, les embarquer dans un récit pendant un temps donné. C’est toute la transversale de la transmission. C’est un truc que je faisais plutôt bien comme prof de bière.

Pour ce qui est de la conférence, rien de nouveau sous le soleil. Par contre le spectacle comme je le vois est un peu plus innovant. Pas dans le concept même non, mais dans la manière et ce que je compte y mettre… bref, je verrai bien.


Moi, je suis d’un genre où les ritournelles ne s’arrêtent jamais au dedans de moi. Ça tourne, revient, rejaillit… il y a même parfois cette injonction à trouver les bons mots, suivre les bonnes pistes, tout décortiquer sans être particulièrement rigoureux. Alors les vannes s’ouvrent et il faut que je compose avec tout ce qui jaillit. Mais je fonctionne comme ça. C’est ainsi. Ma notice est très claire à mon propos. Jusqu’au dernier souffle, je ne pourrais qu’affiner la compréhension de mécaniques qui m’articulent.


J’écrivais cela à un ami. Je trouve que les choses sont dites alors je me facilite les choses par le biais de l’extrait :


« (…)

En soit c’est quelque chose qui me parle, qui m’anime, qui me fait palpiter, dont j’ai besoin. Un genre de respiration, un besoin de trouver les mots pour poser des constats. Mais souvent les choses sont trop lentes.

Je lisais dans le Deutéronome - mais impossible de retrouver le passage exact - que les « adages étaient le fruit d’une pénible réflexion » ou quelque chose du style.

Y a de ça. Cette frénésie physique et orbitale, finit parfois par être usante. Mais c’est un genre de Jekyll et hide. Comme un impératif qui m’obligerait. Un tourbillon de jus de caboche. Une ébullition pour transformer les bulles en mots, et suivre les effluves pour aller dans des quelques parts. Aller d’une idée l’autre.


C’est un peu comme le moment où chateaubriand décrit sa naissance - merveilleux massage - que j’ai appris car il bande quelque chose en moi.

À la fin de l’extrait il dit ceci :


« Il semble que le ciel ait voulu rassembler toutes ces circonstances, pour placer dans mon berceau une image de mes destinée, et me faire pressentir que je ne serai qu’un voyageur livré aux caprices des vents et du sort. »


(…) ».


Tout un programme non ?

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