Ça y est je suis presque au tiers de mon périple. Enfin de mon estimation car même si j’ai calculé, consulté des sites internet me disant combien de kilomètres à venir… je suis conscient qu’il y aura un différentiel. Mais pas grave, j’avance, engrangeant les kilomètres jour après jour. Même si je fais le compte tous les soirs pour mes archives, ce n’est pas quelques chose qui m’obnubile.
Jour après jour, voilà le rythme de mon pèlerinage. Pas plus, pas moins. Juste ça.
J’avoue que le dernier post sur le site, remonte à loin. J’entrais en Italie aux dernières nouvelles. Les autres choses à faire pour parler de mon pèlerinage (Polarsteps, le groupe whatsapp pour les proches et mes anges gardiens du chemin, les réseaux sociaux, les podcasts RCF des vendredis) - tout cela, tous ces fronts à tenir prennent parfois le dessus sur le site. Mais j’ai conscience que c’est important - car certains attendent d’être informé par ce biais - alors je reviens à la charge avec cette nouvelle mise à jour de mes aventures pèlerines sur les chemins de Jérusalem !
L’Italie a déroulé ses belles églises. Je crois que c’est ce qui m’a le plus marqué là-bas. Une richesse que je n’imaginais pas ou disons plutôt, une manière architecturale de rendre gloire à Dieu comme à Rome. Plusieurs fois, j’ai visité la ville italienne et les basiliques majeures ne m’ont jamais séduit réellement. Un peu comme des musées trop grands et trop hauts qui - dans mon esprit - ne laissaient pas trop de place à la prière. Il fallait toujours se faire une place dans ces espaces dédiés à la prière au delà du flot des visiteurs. En écrivant cela, je pense beaucoup à Saint Pierre, sainte Marie majeure ou encore à Saint Jean de Latran. Saint Paul hors les murs m’a toujours plus séduit. D’ailleurs celle que je préfère dans la capitale Italienne c’est saint Louis des français. Étonnant je ne sais pas mais il s’y passe quelque chose de bien plus profond à mon goût. Loin du marbre clinquant, il y a une dimension plus humaine je trouve.
J’ai donc découvert de magnifiques églises comme la basilique saint Antoine de Padoue. J’écrivais ceci pour mon podcast à ce propos :
« J’ai eu le sentiment d’une forteresse ciselé, d’un dédale de piété, d’un monde à l’intérieur du monde où les hautes voûtes peintes semblaient être la Voie lactée du royaume de Dieu. Et même si le Christ avait insisté au près de Pilate en lui disant que son royaume n’était pas de ce monde, j’aime à croire que les bâtisseurs dans leur travail dévot ont voulu montrer par la maîtrise de leur art ce qu’ils imaginaient de ce royaume tant désiré.
J’en ai tellement été subjugué que j’y suis revenu par deux fois comme si je voulais m’assurer que ce n’était pas un rêve éveillé.
(…)
Dans toutes les autres que j’ai pu visiter en Italie (et je compte également les 4 basiliques majeures de Rome) je trouve qu’il y a une géométrie à angles droits. Un peu comme de grandes surfaces où l’on retrouve le rectangle et le carré. Alors qu’à Padoue il y a quelque chose de différent. Les perspectives sont courbes. C’est ce qui m’a donné cette impression de déambulation infinie au creux des peintures, des chapelles, des statues… c’est comme si chaque espace avait été pensé différemment des autres. Comme si au fur et à mesure de sa construction les architectes avaient donnés leurs instructions aux bâtisseurs pour faire fleurir un bourgeon insensé aux pétales éclatantes de magnificence. »
Depuis une quinzaine de jours, je suis en Slovénie. J’y ai dépassé les 2000 kilomètres ! C’est un sentiment étrange car je n’ai pas exulté de joie en sachant les avoir dépassé ! Peut être que c’est parce que l’accumulation kilométrique se fait au fur et à mesure. Je le disais plus haut mais c’est sûrement ça.
Le pays vert regorge de forêt, de gens accueillants. Pleins de belles rencontres ! C’est assez incroyables. Je découvre aussi un pays marqué par les restes du communisme (monuments aux morts avec étoiles rouges notamment, statues aux lignes bolcheviques, …)
Les bulbes des églises et leur décoration intérieure me donne l’impression que je me rapproche de l’Est et de sa culture orthodoxe.
Pour les rencontres slovènes, je vous en citerai deux pour vous planter un décor de ce que je vis un peu :
Un soir je marchais sous la pluie, chantant à pleins poumons. Moi ça allait, il me restait 4 kilomètres jusqu’à mon étape. Une voiture s’arrête et Jaka qui était au volant me propose de m’héberger chez lui. Il vit avec Kathia sa copine. Très belle soirée. Nous avons beaucoup discuté. Lessive, de quoi faire sécher mes affaires, un bon lit et une nuit au sec car la pluie continuait à cracher son humidité dehors.
Avant hier, j’arrive tard jusqu’à un village quelques kilomètres avant Jeruzalem. 40 bornes dans les pattes. Déterminé à dormir dehors à côté de l’église pour la messe du lendemain.
Je vois un genre de bar, je rentre dedans mais rapidement on me dit que c’est une soirée privée. Mais rapidement on me propose à boire, à manger. Je me retrouve agrippé par des bras avinés. Les étreintes semblent s’accrocher à moi à cause de la désinhibition. On me propose une chambre, les jeunes servent de traducteur aux anciens. Ils me servent des verres de Spritchzar (j’écris selon la phonétique de mon oreille) : vin blanc + eau gazeuse.
C’est un peu l’équivalent de ce que j’avais goûté sur Compostelle, à savoir le calimocho (vin rouge et coca).
La différence entre les deux c’est que le mélange espagnol se fait à 50/50, le slovène quant à lui est de 2/3 (vin) & 1/3 (eau gazeuse).
La morale que j’en tire c’est que lorsque je n’attend rien, que je me résigne à dormir dehors sans rien attendre, la providence pourvoit 1000 fois plus que lorsque je suis plus en contrôle. Comme si je me disais : « j’y vais à fond et je verrai bien ce qu’il arrivera » et que cet acte de foi faisait écho d’une puissance qui dépasse ma petite figure de pèlerin.
Sur ce, bonne journée à vous et joyeuse fête de la Pentecôte !
Ah oui ! Comme vous l’avez lu dans le titre : je suis à Jeruzalem. Pas avec un S mais avec un Z. Oui vous avez bien lu !
Je vous explique :
Étonnement je suis à Jeruzalem. Petit village en Slovénie où les croisés sont passés, ont nommé car l’endroit était si beau et ont ramené une peinture de la vierge tenant le Christ.
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